Les précédents présidents de la république, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont tous rendus responsables de la fermeture de 4700 lits par an depuis 16 années (en moyenne, soit 75 000 au total entre 2003 et 2019). Mais le président Macron a franchi une étape doublement symbolique en 2020, avec 5700 fermetures en pleine crise COVID19 (1).

Même si l’on peut modérer ces chiffres au regard de la contagiosité du COVID19 et de l’isolement accru des malades (un seul par chambre), il n’y a eu aucune prise de conscience du pouvoir en place face à l’évidence de la faillite d’une politique de santé néolibérale qui laisse les Français sans soins en cas de crise sanitaire imprévue de type pandémie.

Pire, le « Ségur de la santé » annoncé à grand renfort de publicités par le gouvernement Macron, s’est résumé à des mesures inssufisantes alors que la situation nécessiterait « une refonte du système de santé publique », comme en témoigne Pierre Schwob Tellier, du collectif Inter-urgences. Ce dernier annonçait depuis trois années  un effondrement et rappelait la nécessité de plus de moyens traduite par cette longue grève des urgences de 2019. A ce jour, il n’entrevoit pas de solution pour réouvrir les urgences déjà fermées durant l’été 2022 (2).

Selon le collectif Inter-urgences, le Ségur de la santé « n’a absolument pas répondu aux questionnements de l’hôpital public », analyse confirmée par le Sénat dont le rapport juge les décision insuffisantes (3). Chacun pourra s’interroger sur la réelle volonté de changer les choses avec une énième mission créée fin mai 2022 (“Mission flash” pour l’hôpital) dont la visée pourrait être purement électorale.

Confrontés à un manque de lits et de personnel, 130 services d’urgence sont menacés, soit 20% des 620 établissements ayant un service d’urgence en France(4).

Dès Octobre 2021, le Conseil Scientifique alertait : un lit sur cinq est fermé à l’hôpital.

D’autre part, quinze mille soignants avaient été suspendu suite au refus de vaccination du Covid19(5). Ces chiffres paraissent très certainement minorés car ils n’incluent pas les soignants en arrêt (de longue) maladie.

Par comparaison au canada, l’un des pays les plus sévères voire autoritaires dans sa gestion de la crise du COVID19, les soignants non-vaccinés ont été réintégrés depuis la mi-Avril 2022(6).

Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France tire la sonnette d’alarme concernant l’hôpital en région parisienne (AP-HP), où 15% des lits sont fermés par manque de personnel. Pourtant favorable à l’obligation vaccinale des soignants, l’urgentiste se prononce pour une réintégration des soignants. (7) E.Macron et O.Véran évoquaient une possible réintégration en avril mais à ce jour, cette mesure n’est toujours pas concrétisée (8).

De façon globale, l’Enseignante-chercheuse à la Sorbonne et membre des Economistes Atterrés, Nathalie Coutinet résume un paradoxe fondamental ainsi : «On demande à l’hôpital de réduire ses dépenses, de réduire son budget alors que la population augmente et vieillit». Elle analyse que les plans d’économies concernant les établissements de santé mènent obligatoirement à des suppressions de lits (9).

A un tel niveau de cynisme ou d’incompétence des politiques dans la gestion de la santé, leur but serait-il de privatiser la santé en achevant de détruire tout d’abord l’hôpital public ?

L’ensemble des professionnels de santé qui tirent la sonnette d’alarme seront-ils entendus et suivis par les Français dans un élan refondateur de la santé comme bien commun ?

Sources :

(1) En plein Covid, 5.700 lits d’hôpital ont été supprimés en 2020 source la tribune

Pourquoi 5 700 lits d’hôpitaux ont-ils été supprimés en France … ouest france

https://www.bienpublic.com/elections/2022/01/04/le-gouvernement-a-t-il-vraiment-supprime-5-700-d-hopitaux-en-pleine-pandemie

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